Lebenam Kombate, 28 ans, fait parler d’elle par son talent et son sens aigu du travail bien fait. Titulaire d’un certificat d’aptitude professionnel en haute couture, elle exerce son activité à Lomé. Son entreprise, un petit atelier sis au quartier Tokoin Solidarité, lui permet d’exprimer son savoir-faire.
De l’apprentissage à l’ouverture de son atelier, la jeune femme a parcouru un chemin de croix. Née à Soto dans la ville de Badou- 173 km au nord de Lomé-, Lebenam Kombate, 28 ans, est originaire de Dapaong, extrême nord du Togo. La couture la passionne depuis son jeune âge, dit-elle. Elle commence sa carrière professionnelle en 2014 avec l’ouverture de son atelier Lébénam Africa Style. Cette charmante jeune femme qui lutte pour se faire une place au soleil, a arrêté les études en 2008. Elle était en 6è au collège et à du mettre un terme faute de moyens financier.
En 2006, je suis allée à Cotonou au Bénin pour continuer mes études chez un membre de ma famille, raconte-t-elle. Mais après deux ans, j’ai arrêté parce que les moyens financiers pour continuer, m’ont fait défaut. Ainsi, je suis restée à la maison jusqu’en 2010.
Lebenam va revenir Dapaong en début d’année 2010, dans l’espoir d’y faire une formation. Ce sera finalement la couture vers la fin de l’année 2010 à Lomé, à Gbadago. De 2010 à 2014.
La vie après l’apprentissage
Après son apprentissage et quelques stages de perfectionnement, Lebenam Kombate se trouve une fois encore confrontée au souci d’argent. Elle a comme ambition d’ouvrir son propre atelier de couture. Commence alors un autre chemin de croix pour rassembler le capital nécessaire. Entre 2014 et 2018, elle a servi sa patronne pour ne pas perdre la main. Mais, pour ouvrir son atelier, elle fait de mini-jobs.
« En 2019, j’ai travaillé dans la zone franche, chez les Chinois, pendant trois mois. On faisait de la couture. On cousait des shorts, des slips, des hijabs et des débardeurs. J’ai fait trois mois là-bas. Je suis également allée faire un job d’entretien de bureau et de maison. J’y ai aussi fait trois mois ». Mais trouver l’argent pour louer un local et commencer ses activités demeurait ardu. Souvent les salaires entraient dans les dépenses domestiques. Les cousins de Lebebam ayant vu sa détermination à disposer de son propre lieu de travail, l’aident avec une somme de 150 000 FCFA. C’est ainsi qu’elle a ouvert son atelier le 10 décembre 2019.
Lebenam n’est pas pour autant sortie de l’auberge. La pandémie de coronavirus, qui a commencé précisément en ces périodes, va complexifier sa situation. « Avec le virus, il n’y a plus vraiment de travail. La raison est qu’il n’y a plus de manifestation donc les gens se font rarement confectionner des habits. En plus, je m’étais nouvellement installé et il était difficile de trouver des clients ».
Ajouter à cette situation, la jeune couturière raconte que les quelques rares clients qui viennent, ont des oursins dans la poche et ne veulent pas payer au tarif qui convient. Ceci selon elle s’explique par le fait que la plupart payent les nouveaux tissus de 1 000 FCFA et n’admettent pas devoir payer plus que le prix d’achat. « Ils estiment qu’acheter un tissu à 1000 FCFA et le coudre à 1 500 CFA ou 2 000 CFA, est trop cher payé. Pourtant, nous utilisons les mêmes matériels pour coudre aussi bien les tissus de 1.000 FCFA que ceux de 25.000 FCFA ».
Le rêve de Lebenam
Aujourd’hui, Lebenam Kombate arrive à fidéliser sa petite clientèle pour le moment. En plus de coudre des vêtements sur commande, elle confectionne, généralement des vêtements pour petite fille. Elle les expose dans son atelier. « Grâce à Dieu, j’arrive à faire un chiffre d’affaires d’environ 30 000 FCFA par mois », dit-elle le visage souriant. Il y a quelques mois, elle a reçu sa première apprentie. Son ambition, c’est d’ouvrir une boutique de prêt-à-porter où elle vendra des produits de sa propre confection.
Akuété Francisco