Insécurité routière : face aux bilans macabres, une prise de conscience s’impose

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Insécurité routière face aux bilans macabres, une prise de conscience s’impose

Des centaines de morts chaque année au Togo, rien que par accidents routiers. Des bilans macabres qui ne changent rien à la mentalité des usagers de la route. Il n’y a pas que l’état des infrastructures qui sont déplorables. L’incivisme des conducteurs, parfois en collaboration avec les forces de l’ordre et avec la complicité des passagers – autres causes profondes de l’insécurité routière au Togo. Face à ce mal qui décime les vies et suite au récent accident mortel de Bako survenu le 28 juin, une prise de conscience s’impose.

La nouvelle a fait le tour des réseaux sociaux. Le drame de Bako, l’ont baptisé certains. Un accident violent survenu sur le pont de Bako dans la commune Haho 3 (Kpedomé) à 7km de Wahala, dans la matinée du mardi. Bilan, 13 morts et 15 blessés. Les images sont choquantes. Des corps qui gisent dans le sang. Ainsi prend fin la vie de ces commerçantes qui étaient à la quête de leur pain quotidien. Une situation qui a suscité de vives émotions et la réaction des membres de la société civile, du gouvernement et des conducteurs eux-mêmes.

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Suite aux différents accidents survenus sur nos routes ce 28 juin 2022 (…), la faîtière patronale des transporteurs vous invite (…) à une sensibilisation des conducteurs ce jeudi 30 juin 2022 à 10h00 au centre fopadesc à Agoè.

Occasion pour le ministre des Transports routiers, aériens et ferroviaires de révéler les mauvaises pratiques à l’origine des accidents. Si certains indexent l’état parfois désagréable des routes, l’absence de signalisation et de balises, d’autres pointent les comportements inciviques des conducteurs et des passagers.

 « Pas de transport, pas d’économie », reconnait le ministre Affoh Atcha-Dedji et « l’Etat fait des efforts », rappelle-t-il. En témoigne les multiples travaux de rénovation des infrastructures routières engagés. Malheureusement, même sur les routes rénovées, les accidents s’accentuent.

Au-delà des infrastructures

D’après le ministre, les conducteurs se plaignent du fait que même tard dans la nuit, les forces de sécurité procèdent au contrôle. Pourtant, c’est à cette période qu’ils arrêtent plus « de voitures sans plaques, les véhicules remplis de drogues, avec à bord des chauffeurs sans permis, sans carte grise », remarque-t-il.

Selon le bilan établi par le ministre de la Sécurité Yark Damehame et son collègue des Transports concernant l’accident de Bako, le véhicule accidenté n’est pas en règle. « Le contrôle technique est expiré depuis mars ». « L’accident est causé par l’éclatement du pneu avant droit du bus, dû à la vitesse et au mauvais état des pneus ». A cela ajoutent-ils « la surcharge en personnes comme en marchandises ». 30 personnes dans un bus de 15 places, en plus des marchandises. Une pratique dangereuse mais courante sur les routes togolaises. En plus, il s’agit d’un « secrétaire d’un syndicat des transporteurs », révèle Affoh Atcha-Dedji.

Le ministre Affoh Atcha-Dedji au micro et au milieu des responsables syndicaux
Le ministre Affoh Atcha-Dedji au micro et au milieu des responsables syndicaux

Où se trouvent les forces de sécurité, se demande-t-on. Parfois, ils laissent passer les conducteurs en infraction contre des pots de vin. Toutefois, il y en a qui sont fidèles à leur travail. Afin d’échapper au contrôle, « les conducteurs alertent leur collègue à travers des plateformes », dévoile le Commissaire principal de la Division de la sécurité routière (DSR), Sodji Kossi. Que dire de ceux qui conduisent en état d’ébriété.

Limiter les accidents

« L’accident par définition est évitable » a déclaré Remi Kpadenou, premier vice-président de la Faîtière patronale des transporteurs, il est possible d’éviter, sinon de réduire les accidents. Le Commissaire Sodji Kossi propose quelques pistes pour y arriver. Il explique les dispositions techniques et humaines à prendre en compte.

Les facteurs techniques sont liés à l’état du véhicule. Il invite les conducteurs à vérifier régulièrement le pneumatique de leur véhicule, la pression d’air. En effet, « des pneumatiques lisses ou abîmés par l’usure sont plus susceptibles d’éclater ou de crever », indique-t-il. Il souligne l’importance de la visite technique. C’est une opération qui, à partir des appareils appropriés, permet de diagnostiquer les véhicules, de déterminer les risques et réparer les pannes. L’éclairage est très important et chaque conducteur devrait s’assurer de son bon fonctionnement.

Concernant les facteurs humains, « la surcharge et les excès de vitesse » sont cités comme cause récurrente des accidents. Les transporteurs devraient donc les éviter à tout prix. « Il ne faut pas entasser les passagers dans les véhicules comme des sardines dans leur boite. Il ne faut pas chercher son pain au mépris de la vie des citoyens », déclare Sodji Kossi.

Selon le ministre des Transports, il est souhaitable que les commerçants prennent un autre bus pour suivre leurs marchandises transportées par un autre véhicule.

Lutter contre la sécurité routière nécessite une synergie d’action de tous les acteurs. A son niveau, le gouvernement prend des mesures pour assainir le secteur. En ce sens, le gouvernement a adopté des lois sur les transports au dernier Conseil des ministres. Des réglementations qui visent la professionnalisation des acteurs. Le ministre des Transports annonce le durcissement des contrôles routiers en collaboration avec le ministère de la sécurité. Il revient aux conducteurs et passagers, aux forces de sécurité et autorités, de respecter chacun les lois en vigueur afin de sauver les vies.

Elisée Rassan

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