L’opposant politique Ousmane Sonko a été condamné, le 1er juin 2023, à deux ans de prison ferme par la chambre criminelle de Dakar. Le jugement concerne l’accusation de corruption de la jeunesse dans l’affaire le concernant, tandis que les accusations de viol et de menaces de mort n’ont pas été retenues.
Le procès s’est déroulé en l’absence d’Ousmane Sonko, qui ne s’était pas présenté au palais de justice le 23 mai dernier. Le parquet avait requis 10 ans de réclusion criminelle pour viols ou 5 ans de prison pour le délit de corruption de la jeunesse.
Ndeye Khady Ndiaye, propriétaire du salon de massage impliqué dans l’affaire, a également été condamnée à deux ans de prison ferme pour incitation à la débauche.
La condamnation pour « corruption de la jeunesse » est basée sur l’article 324 du code pénal sénégalais, qui vise ceux qui incitent, favorisent ou facilitent la débauche ou la corruption de jeunes âgés de moins de 21 ans. Adji Sarr, dont la date de naissance indique qu’elle avait 20 ans au moment des faits, est concernée par cette accusation.
Complot politique ?
Les avocats de la défense ont réagi au jugement. Maître Bamba Cissé, avocat d’Ousmane Sonko, a souligné que le viol et les menaces de mort n’avaient pas été retenus, confirmant selon lui l’existence d’un complot visant à évincer son client de l’élection présidentielle prévue en 2024. Il a également noté que la peine infligée à Sonko entraîne son inéligibilité pour la compétition électorale de 2024.
Maître El Hadj Diouf, avocat d’Adji Sarr, a exprimé une certaine satisfaction quant à la condamnation de Sonko, mais a déclaré que la peine aurait dû être plus lourde. Il a souligné que bien que l’accusation de viol n’ait pas été retenue, la corruption de la jeunesse était une accusation similaire, étant donné l’abus de pouvoir envers une jeune fille pour obtenir des relations sexuelles.
Tension au Sénégal
Le jugement a provoqué des tensions dans le pays. Des manifestations ont éclaté à l’annonce du verdict, notamment à l’Université Cheikh Anta Diop, avec des barrages routiers et des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Les manifestants exigent la libération d’Ousmane Sonko et la révision de son procès. Des heurts ont également été signalés à Ziguinchor, ville dont Sonko est maire.
Dans un contexte de forte sécurité, la situation reste tendue dans la capitale, tandis que le domicile d’Ousmane Sonko est sous surveillance policière.
